« Cap Odyssée »
un exploit mondial inédit

 

Certains événements nous font réaliser qu’il faut tout faire pour accomplir ses rêves. Au cours de mes traitements contre le cancer, je me rapproche de cinq autres malades – on recherche souvent une communauté pendant ces moments difficiles. Tous vont décéder. Si je dois mourir bientôt, je refuse de partir emplie de regrets. Il est donc temps de me consacrer à mon projet le plus fou : celui de traverser un océan à la force de mes bras, sur une planche de sauvetage.

« Je ne suis pas sûre que j’aurais voulu affronter l’Atlantique Nord si je n’avais pas été touchée par ce premier cancer. »

Prouver que tout est possible

À cette époque, le record mondial n’est « que » de 500 km. Soutenue par mon mari – et par ma famille, bien que celle-ci soit un peu effarée – j’entame une préparation de 3 ans : il faut non seulement s’entraîner, mais aussi monter l’expédition, trouver les financements, etc. C’est avec Alexandra Lux et Flora Manciet, également membres de l’équipe de France de sauvetage sportif, que je vais relier deux continents. Je sais que ces guerrières peuvent tenir. C’est un véritable pacte que nous passons mes amies et moi, à la vie à la mort : s’il arrive malheur à l’une d’entre nous durant la traversée, les deux autres poursuivront. Nous allons repousser nos limites avec espoir et optimisme. La démesure du projet surprend, mais les partenariats se nouent.

« Mes expéditions sont mes bouées de sauvetage. »

Au programme 

  • 3 rameuses,
  • 7 heures de rame par jour et par personne dans des eaux froides, en position allongée ou sur les genoux,
  • Une planche d’environ 5 mètres de long et 50 cm de large,
  • 5 membres d’équipage, dont le navigateur Yves Parlier, sur un bateau d’assistance,
  • 4 830 km,
  • Des conditions extrêmes (brouillard, tempêtes, courants, etc.),
  • 400 échantillons de plancton prélevés.

 

 

Ramer pour se sentir en vie

Le départ est prévu pour l’été 2009. Or, en avril de cette même année, on m’annonce un 2e cancer du sein, de l’autre côté (j’apprendrai en 2010 que la cause de mes cancers est génétique). Hors de question de baisser les bras ou de reporter. Je redoute de plus de perdre nos sponsors. Bien entendu, je préviens mes coéquipiers. Désormais, l’enjeu dépasse pour eux aussi celui de la réussite de la traversée. Je me fais opérer, j’embarque mes perfusions et mon préparateur mental m’aide encore à surmonter cette épreuve. La longue traversée commence le 5 juillet 2009, au départ de Cape Breton, au Canada à 8h35.

Nous parvenons à Capbreton, dans les Landes, 54 jours plus tard, le 28 août 2009. L’émotion est intense, la foule et les journalistes nombreux – ce sont environ 10 000 personnes qui nous attendent. Une arrivée inoubliable après un exploit mondial inédit, enregistré au Guinness des records comme la plus longue traversée jamais accomplie en prone paddle board.

La vie reprend son cours et moi mes traitements, pour surmonter une nouvelle fois le cancer. Après nous, personne n’a tenté cette expédition.